« Faire barrage » au second tour, qu’est-ce que ça veut dire aujourd’hui ?

Le « vote barrage » n’est pas une nouveauté, il n’est même pas la propriété de la gauche face à l’Extrême-droite, c’est un principe qui a souvent été utilisé pour empêcher l’élection de candidats « dérangeants » : l’extrême-droite en a souvent usé pour tenter de faire battre des candidats communistes – voir de gauche en général – , la droite également qui a parfois appelé à voter socialiste contre des communistes etc etc

Mais la première fois que cela s’est produit de façon massive il s’est agit de la présidentielle de 2002 qui opposa Chirac à un Le Pen arrivé au second tour à la surprise quasi générale.

Face à cette intrusion brutale dans la vie démocratique française, un large mouvement de rejet s’est alors fait jour, entrainant des manifestations géantes et une mobilisation des démocrates et des anti-fascistes de tous poils en direction des urnes. Avec un résultat sans appel, les électeurs écrasant le père facho par un score digne d’une république bananière : 82% contre 18%.

Une défaite, une humiliation que les militants FN ne digéreront jamais, mais qui au final ne leur a pas coupé la route vers le pouvoir.
Ralentis, oui, éliminés, non.

Ce cas de figure s’est alors répété maints et maintes fois, au niveau local, départemental, régional et national, avec en prime un autre second tour pour l’exd, face à un candidat confusionniste, Macron, sensé être « ni gauche ni droite », pour un résultat nettement moins flagrant : 64% contre 36%.
Historiquement, le vote barrage existe depuis les débuts de la démocratie, que ce soit au Sénat romain ou au Vatican par exemple, pour bloquer l’élection d’un candidat contraire aux intérêts d’autres personnes.
Cela fait donc 20 ans que la pratique du « barrage » systématique face à l’extrême-droite est pratiquée en France et, force est de constater que le résultat est loin d’être satisfaisant.

On assiste aujourd’hui de nouveau à un second tour avec l’extrême-droite, dans une campagne où se sont même deux candidat.e.s d’extrême-droite qui au départ pouvaient potentiellement espérer y être présent.e.s.

Cette stratégie n’a donc pas transformé le paysage politique, faire barrage n’a pas fait disparaître l’extrême-droite, loin de là.
Pire, elle n’a pas non plus empêché la propagation des idées d’extrême-droite, participant plus à l’imprégnation de ces idées dans la classe politique « républicaine », y compris à gauche, qu’à son recul. On peut dire qu’il s’est mis en place une forme de barrage « électoraliste » qui consiste juste à capter les votes d’extrême-droite en récupérant le discours, voir le programme, des candidat.e.s d’extrême-droite. Il veulent seulement empêcher l’élection d’un autre candidat, quitte à prendre sa place d’un point de vue idéologique.

Macron avait besoin d’un ou d’une candidate d’extrême-droite pour sa réélection, il est comblé, reste à décider si nous allons participer ou pas à sa stratégie cette fois-ci…

 

 

Article Collectif
Atelier de Réflexion-Débats du Laboratoire anarchiste de Valence.