Entries from février 2022 ↓

Sabotage sur la ZAC de Cavaillon (Communiqué anonyme)

 

Communiqué revendiquant une action de sabotage sur le chantier de la ZAC de Cavaillon, faites en ce que vous voulez 🙂

Il y a quelques jours nous avons mis hors d’état de nuire les 12 engins de chantier de la future ZAC des Hauts Banquets (zone d’aménagement concerté), dans la commune de Cavaillon.

Soyons clair·es : par année, en France, ce sont plus de 60 000 hectares qui sont artificialisés.
L’équivalent d’un département tout les 7 ans. A ce rythme, dans 100 ans, la moitié du territoire aura disparu sous le béton et les zones
commerciales.

Faubourg Promotion, les promoteurs du projet, nous assurent que
saccager 46 hectares de terres agricoles fertiles revient à construire
un « écosystème pensé autour de la biodiversité ». Le techno-parc qu’ils nous promettent est certifié « Parc +, Parc engagé » « Eco Parc Vaucluse », il participerait à la « croissance verte », serait « vertueux »,  « responsable » et même à « énergie positive »… Le capitalisme, dans sa folie mortifère, ravage le sens même des mots. Les terres agricoles des Hauts Banquets ont la capacité de produire de la nourriture pour plus de 24 000 humain·es, elles sont aussi l’habitat de nombreux êtres vivants : vers de terre, libellules, campagnols, grenouilles… Si rien n’est fait,
le chantier laissera derrière lui des open-space flambants neufs et un
amer arrière goût de poussière. Il est temps de détruire cette écologie
cynique qui danse sur le cadavre agonisant du vivant. Nous ne voulons plus aucune nouvelle ZAC ou plateforme logistique, plus de méga-entrepôt ou de 2×2 voies. A peines construites ces infrastructures sont déjà des ruines.

A Cavaillon comme partout ailleurs, quand les recours en justice, les
mobilisations citoyennes et les actions d’occupation échouent à stopper les machines, rien n’est encore perdu ! Le sabotage est une réponse proportionnée au ravage, une réponse qui pourrait décupler la force de nos luttes. Le sabotage, dans des gestes parfois très simples, fait éclater le cadre restreint d’action dans lequel l’État nous enferme pour nous condamner à l’impuissance. Le sabotage ouvre une brèche. Partout où il frappe le cours du ravage s’interrompt, au moins temporairement. Là où les machines et les infrastructures capitalistes sèment la mort nous pouvons opposer une réponse offensive. Mais à lui seul le sabotage ne résoudra rien. La brèche qu’il ouvre doit être élargie, approfondie, maintenue dans le temps, par tout types de mobilisations. A Cavaillon la suspension du chantier peut ouvrir la possibilité d’une relance de la lutte pour obtenir l’arrêt final du projet !
Nous demandons l’arrêt définitif du chantier de la future ZAC des Hauts Banquets. Si les machines venaient à reprendre leurs œuvres mortifères nous saurons leur rappeler qu’elles ne sont pas les bienvenues sur ces terres !

des anarchistes

Faubourg Promotion, en charge de la mise en place de la ZAC de
Cavaillon, fait partie du groupe IDEC, voici leur adresse si vous
souhaitez leur rendre visite :
GROUPE IDEC INVEST – 37 avenue Pierre 1er de Serbie, 75008 PARIS
Pour en savoir plus sur le projet :
https://avececologiecavaillon.fr/wp-content/uploads/2020/11/2020-11-17-SNT-84-Avis-Consultation-Zac-des-Hauts-Banquets.pdf

Guerre en Europe (communiqué UCL)

Les travailleuses et travailleurs d’Ukraine, de Russie et d’Europe n’ont rien à gagner dans ces rivalités capitalistes et géopolitiques, et tout à perdre dans cette guerre.

L’avenir du peuple ukrainien, c’est au contraire de se débarrasser des oligarques quels qu’ils soient, mais cela il ne pourra le faire qu’après le retrait des troupes russes qui veulent lui imposer une oligarchie pro-Moscou par la force !

Notre soutien va aux peuples et aux classes populaires qui vont souffrir de ces affrontements. Nous apportons également notre solidarité aux militantes et militants pacifistes et internationalistes de l’Est, opposé·es à la guerre et s’exposant à la répression. Nous serons aux côtés de nos camarades dans ces heures difficiles.

Nous appelons à l’organisation de rassemblements et d’actions contre l’invasion de l’Ukraine partout en France. Nous revendiquons aussi un accueil inconditionnel des réfugié·es de guerre.

  • Pour le retrait des troupes russes de l’Ukraine ; conte une intervention militaire de l’Otan
  • Pour la solidarité des peuples contre les oligarchies capitalistes ;
  • Paix, liberté et autodétermination pour les peuples ukrainien, russe, biélorusse, kazakh…

Union communiste libertaire, le 24 février 2022

Zemmour, Le Pen, les partisans du grand remplacement

Ukrainiens fuyant la famine et les persécutions en 1933

Le « grand remplacement », c’est le fantasme de l’extrême-droite qui prétend qu’un complot mondial orchestré par, en vrac et selon les cas, « les juifs, les francs-maçons, les milliardaires, les GAFA, le lobby LGBT, les reptiliens, les anti-France etc etc » vise à transférer la population d’Afrique et d’Asie en Europe pour faire disparaître l’homme blanc (le type caucasien).

Alors déjà, faut savoir que le grand remplacement a déjà eu lieu en France.

Plusieurs fois même.

C’est d’abords l’homo erectus, venu d’Afrique il y a plus de 1,6 millions d’années, qui a disparu et cédé la place aux néandertaliens il y a plus de 200 000 ans, qui eux-même ont été grandremplacés par l’homo sapiens (vers -40 000 av. JC) avant que ne viennent s’installer les gaulois (-2500 av. JC), qui à leur tour ont été éradiqués sur quasiment tout le territoire français par les tribus franques venues de Belgique et de Flandres,

« Nos ancêtres les gaulois » fait parti de la longue litanie des mythes nationalistes basés sur le mensonge et qui n’hésites pas à mythonner à mort pour créer de toutes pièces des « événements fondateurs » de la « Nation ».


En fait on descend surtout des belges, mais comme toujours avec le nationalisme, la vérité est bien moins importante que leurs fantasmes et donc ils continuent à vivre dans le mirage de leur propre propagande et se prennent pour des gaulois, réfractaires ou pas.

Le Pen et Zemmour (d’ailleurs lui-même issu de l’immigration nord-africaine, donc faisant parti des cohortes de granremplaçants ?) ont fait de ce sujet fantasmé un argument de campagne. Un argument qui ne repose bien évidemment sur rien de concret mais ça n’a pas d’importance pour eux.

Ceux qui leur opposent des faits et des chiffres du réel pour leur montrer l’ignorance de leur discours ne sont de toutes façons que des menteurs à la solde des juifs, des francs-maçons etc

N’oublions pas que la vérité ne les intéressent pas si elle ne recoupe pas leurs discours et qu’ils crient immédiatement au complot si on bouscule leurs certitudes entretenues en vase clos dans la fachosphère.

C’est plus confortable et rassurant.

Mais plus dure sera la chute.

Malgré cela… Le Pen et Zemmour militent en ce moment pour un granremplacement !

Ils soutiennent en effet l’offensive russe, au minimum en lui trouvant des excuses (Melenchon aussi, au passage), notamment en reprenant la propagande russe sur le sort des russophones d’Ukraine.

Poutine avait d’ailleurs déjà fait le coup avec la Géorgie (Ossétie du sud).

Mais Le Pen et Zemmour, si prompts à venir secourir Poutine (faut dire qu’il finance et soutien – par des moyens anti-démocratiques surtout, comme le hacking – leurs campagnes) oublient une fois de plus une vérité : si les russes sont aujourd’hui majoritaire dans certaines de ces régions, c’est avant tout le résultat de politique de colonisation par peuplement, d’abords sous l’empire russe (des millions de tatars (Crimée) et cosaques (Ukraine) assassinés, déportés ou poussés à l’exil), puis sous l’Union Soviétique qui a continué à installer des populations russes dans ces territoires tout en « purgeant » l’Ukraine de ses non-russes, avec en fer de lance l’horrible opération « Holodomor« , programme de nettoyage ethnique et politique mis en place par Staline.

« Mort à tous ceux qui s’opposent à la liberté des travailleurs ! »

Après la guerre contre l’ARIU et l’épuration des anarchistes d’Ukraine, Staline a donc continué à assassiner en masse dans cette région, Poutine se veut donc un héritier direct de tous les despotes russes.

En Ukraine il existe donc un vrai grand remplacement, mais là ni Le Pen ni Zemmour ne trouve à y redire, au contraire, ils soutiennent l’invasion russe.

 

On pourrait aussi du coup parler de la Kanaky qui a subie le même sort avec la colonisation française, avec encore tout récemment de sales manœuvres de l’état français pour fausser la consultation sur l’indépendance de l’île.

Là encore, ces hypocrites se sont bien gardés de dénoncer les magouilles de l’état et la politique ethnique menée par la France pour favoriser les colons et résidents européens au détriment de la population native, les kanakes.

Y a pas à dire, le colonialisme et l’impérialisme a deux beaux représentants avec eux, hypocrites et menteurs à souhait, entre celui qui est issu d’une famille de colons français et celle qui a hérité du parti-clanique des Le Pen, dont le patriarche, devenu millionnaire grâce à la politique, est un « homme » capable de torturer des prisonniers qui se battaient pour leur liberté et qui a soutenu le putsch de l’armée française en Algérie.

Des Nazis chez Zemmour?

La France part en couille/en ovaire, c’est clair.

Déjà, ça fait des années que l’extrême-droite est représentée par une femme qui, selon leur philosophie, devrait plutôt s’occuper des gosses et de la cuisine.

Bon, ok, c’est la fifille à papa, qui voulait pas voir « son » parti tomber entre des mains non familiales, et n’a pas hésité à annuler un vote de congrès qui sacrait Bruno Gollnish à la tête du FN.

Faut pas déconner avec le business, quand même!

C’est pas en laissant le parti aux autres que la famille Le Pen est devenue millionnaire, merde!
On reviendra une autre fois sur l’origine de cette richesse, c’est gratiné, et ce sera aussi l’occasion aussi de se payer la tête des sympathisants FN qui ont démontré sur la question des finances de ce parti toute sa capacité à être des gros pigeons.

En attendant, c’est l’actualité qui nous scotche, avec une fifille lepen qui dénonce la présence de nazis dans les équipes de Zemmour, un comble!
Ou plutôt une complainte, car ça ressemble plus à du « ouin ouin » (réflexe  primaire à l’EXD toujours prête à pleurer, culture de la victimisation) ils se font siphonner leur nazillons, eux qui avaient réussit jusqu’à faire élire un ancien de la Waffen SS (un certain M. Sergent, ça s’invente pas, qui a servi dans la division Charlemagne en Russie) en région PACA.

Jaloux, donc, aigris aussi.

Et en même temps, que dire de nazillons qui viennent soutenir la campagne présidentielle d’un juif sépharade!

A ça, on peut ajouter un candidat PCF qui sent le terroir réactionnaire et qui va défiler derrière un syndicat de police d’extrême-droite, accompagné du candidats de feu Les Verts, part anciennement surnommé « la pastèque » car vert dehors et rouge dedans, transformée en start up pour carriériste pantouflards en devenant EELV.

Quand on vous dit que la France part en vrille…

 

Marek BK

 

 

 

On l’a échappé belle ! [10000€ pour les ruraux]

– DUJNOUX : « Ouah ! Y a Prépa-H qu’à eu une super idée ! »
– DUGLANT : « Ah bon ? C’est quoi ? »
– DUJNOUX : « Pour repeupler la France, il va offrir 10000€ pour tout enfant né dans nos campagnes, celles où mugissent de féroces soldats !»
– DUGLANT : « Ah ? Faut ça parce que les ruraux baisent plus ? Vaudrait mieux leur envoyer un mode d’emploi dans ce cas, ça coûtera moins cher. Ou un abonnement à J&M. Ou sur Youporn, comme Wauquiez. »
– DUJNOUX: « Mais non ! T’es con ! C’est pas ça ! Faut pas remettre en cause la virilité nationale voyons !»
– DUGLANT : « Ben, ok, mais alors pourquoi que les ruraux ?
– DUJNOUX : « ah ah ! C’est passe que c’est STRA-TE-GI-QUE ! »
– DUGLANT : «Stratégique ? »
– DUJNOUX : « Et oui ! Prépa-H est un malin : ces 10000, on veut pas les filer aux arabes de banlieue qui baisent comme des lapins pour gratter un maximum d’aides, donc on réserve ça à la campagne, futé non ?… »
– DUGLANT : « Ah mais oui ! Bien sûr ! »
– DUJNOUX : « Ah ! Tu vois ! »
– DUGLANT : « Oui mais… on est d’accord que les arabes ils connaissent tous les trucs pour palper des aides sociales, hein ? »
– DUJNOUX : « C’est clair. »
– DUGLANT : « Du coup, ils vont aller dans nos campagnes ou mugissent de féroces soldats pour faire leurs gosses, non ? »
– DUJNOUX : « Euh…»
– DUGLANT : « Du coup, nos charmants petits villages de campagne vont se retrouver submergés par les musulmans qui viennent gratter les 10000. Et transformer nos clochers en minarets.»
– DUJNOUX : « Ah merde ! C’est vrai ça ! Faut vite prévenir PrépaH ! Faut réserver les 10000 aux villes, comme ça les arabes ont les maintient en ville et on sauve nos campagnes où mugissent de féroces soldats ! »
– DUGLANT : « Ouais, voilà ! Comme ça on les baise les arabes, ha ha ! »
– DUJNOUX : « Ouais, bien joué !»
– DUGLANT : « On l’a échappé belle !»

 

Dialogue imaginaire by Marek BK

Disparition de la Gauche en France, débat.

Le texte ci-dessous est la transcription d’un débat au sein de l’OCL, lors d’une « commission journal » au mois de janvier 2022. Il nous paraît intéressant de se poser la question du devenir de « la gauche », et de la « droitisation » de la société, ou du discours politique en France. L’emprise de l’extrème droite dans les urnes comme dans les médias et jusque dans la rue est-elle le signe de l’effondrement des idées d’émancipation, ou cet idéal est il au contraire toujours vivant, même si relégué hors du champ public (tel que délimité par l’appareil médiatique « mainstream »?)

 

 

« La disparition de la gauche en France (historique, fakenews ou réalités) selon la gauche dont on
parle : la politicienne ou une certaine idée populaire ? On pourra aborder ainsi l’idée d’une droitisation
réelle ou fantasmée de la société française ainsi que la militarisation d’une société policière sous couvert
d’une autocratie rampante : faut-il s’alarmer ou constater qu’en fait rien ne change si ce n’est les moyens
utilisés…? »

Présentation du débat

1 – La gauche : quelle définition ?
Faut-il distinguer deux faces de la gauche : d’une part la gauche politicienne, institutionnelle, celle qui se présente aux
élections, celle des partis et des syndicats, d’autre part une autre gauche, « sensibilité-aspiration-mobilisation » populaire,
anticapitaliste et antipatriarcale ?

Serait-ce seulement la première, la gauche institutionnelle, celle qui se traduit en votes, qui serait en déclin ? Et la
sensibilité populaire de gauche, anticapitaliste, antipatriarcale, ne le serait-elle pas, elle ?
L’effondrement de la gauche institutionnelle apparaît flagrant. Un naufrage programmé et mis en scène par ses acteur-
rices mêmes.

Cet effondrement a plusieurs causes : il est lié à l’échec de la plupart des grandes mobilisations sociales depuis 20 ans, à
la déception vis-à-vis des gouvernements de gauche qui n’ont fait que servir les intérêts des puissants et ont appliqué le
programme de la droite et du capitalisme, à un éloignement des préoccupations et du langage des classes populaires (ce
sont désormais les classes supérieures et les diplômés qui donnent le ton pour la gauche et qui définissent ses priorités
stratégiques), à l’hégémonie d’une idéologie néo-libérale que la gauche accepte ou à laquelle même elle participe, à la
priorité accordée aux luttes sociétales au détriment des luttes sociales …
La morale a remplacé le politique. La gauche ne parle plus de lutte de classes (à la rigueur de combat entre le peuple –
les 99%- et les élites – le 1%-) , ni de justice sociale, ni d’exploitation, ni d’égalité ou de transformation, encore moins de
révolution. Elle s’appuie sur un discours de l’émotion, de l’indignation. Elle dénonce l’injustice faite « aux plus démunis ».
Elle parle de « maltraitance sociale », incite à aller vers de la « bienveillance », de « l’écoute », de la « protection », de
l' »accompagnement », du « care », pour permettre une vie « digne ».
Ces mots et ces tactiques édulcorés sont-il employés pour faire contrepoint aux méthodes de gouvernement qui, depuis
plusieurs décennies, deviennent de plus en plus autoritaires et anti-démocratiques et font reposer davantage le pouvoir
politique sur le recours aux appareils répressifs d’État qui ouvrent largement la voie aux forces de droite et de l’extrême
droite ? (décrets-lois, ordonnances, marginalisation et contournement du parlement, quadrillage sécuritaire de plus en plus serré
des quartiers populaires ; mesures contre les immigré.es ; manifestations interdites, empêchées ou durement réprimées ;
arrestations préventives et arbitraires ; jugements expéditifs de manifestant·es et usage croissant des peines de prison ;
licenciements de plus en plus fréquents de grévistes ; réduction du périmètre et des possibilités de l’action syndicale,
etc. ).

Il y a une distanciation, voire une hostilité des classes populaires à l’égard de la politique institutionnelle, donc aussi à
l’égard de la gauche. Les partis n’apparaissent plus comme les outils possibles de changement mais comme des machines
électorales qui alimentent les guerres des chef.fes, et n’ont d’autres perspectives et espaces d’action que de s’inscrire dans
la logique capitaliste donc de l’entretenir et de la perpétuer. Et pour cause : dans le système actuel, il n’y a plus rien à
aménager. Le capitalisme ne fonctionne que par l’accroissement perpétuel des profits. Dans une période de crise et
malgré l’immense production de richesses, cette quête permanente de bénéfices entre en contradiction avec le modèle de
la social-démocratie redistributrice, – avec toute répartition un peu plus égale de ces richesses -, et donc rend ce modèle
caduc. Les dirigeant.es politiques, quels qu’ils soient et même ceux.celles de gauche, ne sont que les gestionnaires et les
gardiens d’un système mortifère.
Dans ce cadre où la démocratie ne représente plus que les intérêts du capital, l’importance toujours plus grande de
l’abstention des classes populaires n’est pas surprenante.5
Il s’installe de plus, en plus, dans une grande partie de la population et en particulier dans les classes populaires, un
scepticisme sur la capacité de l’État, des institutions publiques, à résoudre leurs problèmes.
D’où l’importance qu’il y a à défendre l’idée que le présent et l’avenir ne dépendent pas de tel ou tel représentant qui nous
défendrait, même doté des meilleures intentions, à employer les mots qui conviennent, à clarifier l’analyse politique, à
redonner confiance dans les luttes collectives contre ce système, seules à même d’ouvrir des perspectives de réel
changement.

2- Pourquoi ce désintéressement pour la politique politicienne ouvre-t-il un boulevard aux idées d’extrême droite ?
Le lien de cause à effet n’est pas évident….
France de droite qui vote à gauche ou France de gauche qui vote à droite, en fait c’est l’abstention qui interroge à
plusieurs titres :
– non reconnaissance du monarque, de l’élu suprême ?- rejet de tous les partis politiques , quels qu’ils soient ?
– fatalisme, abandon de ce « droit» citoyen ?

Les idées d’extrême-droite
– L’identitaire national : fier d’être français, rendre la France aux Français, les Français d’abord, etc.
La base est simple : rejet de l’étranger, de l’immigré qui vient «profiter» de nos allocations ; ce qui est faux car la
destination préférée ce sont les USA ou la GB qui n’ont pas développé ce même système d’aides. Ces idées
circulent depuis longtemps et aussi lors des dernières élections présidentielles où François Fillon dénonçait le
racisme antifrançais, on voit que l’idéologie du FN LePen-père a bien diffusé !
– l’antiféminisme : dernier exemple en date l’essai d’Emmanuel Todd «Où en sont-elles?»
Il est question d’une,«matridominance» responsable de l’effondrement industriel face à la Chine, la Russie, l’Inde,
pays qui ont su «raison gardée» ….. en laissant les femmes à leur place ? Les femmes seraient par nature
individualistes contrairement aux hommes, voir l’homme-chasseur qui partage le produit de sa chasse et la femme
cueilleuse qui garde sa récolte pour le foyer … Les rôles féminin et masculin sont produits de la nature et non
construction sociale…. etc. Qu’un intellectuel médiatisé affirme de telles inepties montre bien l’air du temps ….
– Nationalisme économique français : porté par le candidat PCF Fabien Roussel qui se dit le défenseur de «la
France qui picole et qui mange gras… », de la Chasse, du Nucléaire français, de la gastronomie française, qui
s’entend bien, dit-il, avec JJ Bourdin de RMC et Sonia Mabrouk de Cnews. Il a invité, lors de l’hommage à Charlie
le 6 janvier au siège du PCF, Xavier Gorce et Caroline Fourest du « printemps républicain » ; son patriotisme pue
la droite…
Les raisons de l’émergence/récurrence de cette idéologie droitière :
-Est-ce le vide laissé par « l’impossibilité de croire en un monde où l’on vive autrement » (Jacques Rancière) ?
– Est-ce l’oubli de l’histoire des luttes qui a permis ce «confort» actuel car rien n’a été gagné, aucune liberté sans
luttes.
– de constater que le «progrès» dans un sens large sociétal n’empêche pas la perpétuation des injustices, des
inégalités, des violences contre les femmes notamment et de toute domination si elle n’est pas mise en cause par
des luttes ?
– l’impact du catastrophisme écolo qui nous promet un futur apocalyptique et crée de l’angoisse collective ?
– la récupération de valeurs comme la laïcité pour un faire un outil anti-arabes ?…

Débat

La déconfiture de la gauche concerne ses structures institutionnelles. Mais, dans la société, et en particulier dans les
classes populaires, alors qu’ils progressent dans la propagande de droite, on constate que le racisme recule, ainsi que
l’antiféminisme, l’homophobie.
C’est que se transmet, à l’école et ailleurs, repris par le pouvoir, un discours recyclé entre gentils/méchants avec une
dimension morale très prégnante, : « ce n’est pas beau d’être sexiste, homophobe, etc »… S’il y a des changements positifs
dans les mentalités, est-ce le résultat de luttes et de campagnes fortes antipatriarcales, féministes, contre les
discriminations envers les homosexuel.les, et donc un changement sociétal profond, ou bien ne s’agit-il que d’une
conformité aux idées, morales plutôt que politiques, qui sont dans l’air du temps et récupérées par la bougeoisie ?
Il n’y a plus de contestation directe contre le pouvoir d’Etat, contre le système ; seulement des critiques s’adressant à une
personne et la ciblant : Macron, Zemmour… A l’analyse de classe, à la dimension anticapitaliste, au projet d’une autre
société, se substitue une lecture morale et personnalisée. Or on ne se bat pas contre des personnes mais contre des idées.
Mais il est difficile de partager des points de vue avec les gens, même dans des endroits de mobilisation populaire.6
Dans les années 80, avec le tournant du PS au pouvoir, et du libéralisme, la capacité à analyser les choses en termes de
lutte des classes a été grignotée (la critique de l’école capitaliste et de la réussite scolaire, par exemple, importante dans
les années 70, a disparu) et les luttes sont à présent orphelines de cette dimension de classe.
Les mutations sociales en France sont importantes : même si les prolétaires restent très nombreux, de 60% d’ouvriers, on
est passé à seulement 30%. Il y a une difficulté à avoir une idée collective de ce qu’est l’autre, la bourgeoisie. Ceux.celles
qui vivent de l’exploitation du travail des autres ? Qui possèdent les moyens de production ? Ce n’est pas seulement le
revenu qui définit l’appartenance de classe ; comptent aussi les conditions de travail, la division des tâches manuelles,
tâches intellectuelles, fonctions d’encadrement ; l’espérance de vie, le statut social, les conditions de vie (logement, accès
à la mobilité, aux soins…). Les auto-entrepreneurs sont dits plus nombreux, mais c’est une augmentation très relative, et
cela n’empêche pas leur (auto-)exploitation.

Le PS a fait le choix d’abandonner les classes populaires et de cibler la classe moyenne. De plus, il n’y a pas eu
transmission des luttes des années 60-70 ; la génération des années 80 n’a retenu de la social-démocratie que la vision
morale et bienveillante envers les opprimé.es. La gauche institutionnelle a abandonné la critique de l’Etat qui est au
service des riches, des possédants et dominants.
Le rêve d’un consensus avec le capital est voué à l’échec, car avec la mondialisation, il n’y a plus de capital industriel,
plus de capital national. Quant au capitalisme européen, il n’existe pas plus ; seul existe le capitalisme mondial, avec
l’appui des Etats.

Avec le Covid, l’Etat a renforcé son intervention dans tous les domaines de l’économie et de la vie, ainsi que son
contrôle social. De plus, la critique de l’école et de la famille a été gommée et ces institutions ont été réhabilitées comme
lieux de refuge et de solidarité.
Du côté des libertaires, il y a eu une volonté de les « dé-révolutionner » : l’étiquette « libertaire », héritée des années 70,
était beaucoup plus édulcorée que celle d’« anarchiste », et donc parler d’un esprit, d’un mode de vie ou d’une
sexualité, etc., libertaire pouvait convenir à la gauche ou à l’extrême gauche comme aux anarchistes. On était déjà
là dans le domaine du « mode de vie » plutôt que dans le politique…, et cela permettait de reléguer les libertaires à la
gauche de la gauche, en réduisant ainsi leur projet révolutionnaire. Les opposants au gouvernement actuel, RN, LFI ou PC, se rejoignent dans un discours commun contre l’élitisme et pour
la France.

La perspective d’un changement radical de société semble très lointaine.
Or le problème est de croire ou non en la possibilité de changer la société aujourd’hui.
Le travail de la bourgeoisie est d’aspirer les contenus de classe ; notre tâche est de les réintroduire.
La méfiance envers la classe politique a toujours existé mais elle se renforce aujourd’hui. D’où des idéologies florissantes
et le complotisme fondés sur des faits fumeux. D’où le refus de considérer certains combats, par exemple pour de
meilleurs salaires ou conditions de travail, comme politiques. « Le » politique a disparu, en tant que projet de société, au
profit de « la » politique » institutionnelle, dont on se méfie à juste titre. Ne pas faire de politique, c’est le mot d’ordre de
base dont se revendiquent les syndicats. De fait, il y a de très nombreuses grèves, mais sans relais, sans lien pour en faire
des analyses et un discours de classe..
Les gilets jaunes ont amené à redynamiser une vision du politique, dans le sens où ils ont ouvert des débats de toutes
sortes, formulé des besoins et des désirs d’un autre fonctionnement, d’une autre société. Iels sont sorti.es dans la rue pour
exprimer collectivement ce qu’iels ne pouvaient pas faire dans leur entreprise et qui concernait fondamentalement, au
delà de leur vie même, celle des classes populaires, et pas seulement leur boulot, et cet espace a permis de déborder le
cadre des revendications habituelles, négociables donc raisonnables et acceptables. Alors que la gauche se voulait
porteuse de consensus social, eux.elles sont sorti.es de la norme, iels ont été irraisonnables.
Cependant, leur discours bien des fois était tourné contre les élites, l’Etat, la personne du président plutôt que contre les
patrons.
Dans les grèves des Sans papiers à Chronopost, animées par une conscience de classe claire, s’exerce une solidarité large
pour la régularisation de tous.tes, pas seulement pour ceux qui travaillent dans la boîte mais au-delà de l’entreprise ; ce
qui là aussi déborde le cadre limité de revendications catégorielles ou corporatives.
Le projet utopiste d’une société sans classes a disparu. Il n’y a pas de rapport de force favorable au changement
révolutionnaire.
La confrontation des idées se fait sur le terrain d’actions ponctuelles.
La gauche institutionnelle est effondrée mais pas les mouvements sociaux, qui sont relativement forts (luttes, grèves,
développement des groupes féministes). Malgré l’accumulation des lois sécuritaires, la société reste réactive.

 

 

Pour plus d’info sur l’OCL: https://oclibertaire.lautre.net/